Le maquis de Corcieux, commandé par le capitaine Marcel VICHARD dépendait du quatrième groupement des Vosges du Commandant GONAND, alias « Lucien », compris dans la
Région C qui incluait les quatre départements lorrains.
Il a été le seul à se soulever dans l’Est le jour du D Day
Les hommes n’étaient pas au départ regroupés dans un maquis. Ils vivaient quasi normalement chez eux, mais ils s’entraînaient de nuit en préparation de la libération
de leur contrée.
Et chacun restait en éveil. On collationnait tous renseignements sur les activités de l'ennemi dans la région, notamment sur les garnisons allemandes de Bruyères. On repérait les unités, leurs
effectifs et l’âge moyen des troupes. On observait si des étrangers y étaient enrôlés. On cherchait à savoir de quel armement elles disposaient.
Le maquis avait bénéficié de deux parachutages le 12 août 1943 et le 7 mai 1944. Les hommes étaient donc bien armés, sûrement les mieux armés des maquis locaux. A l’issue du parachutage d’août 43,
chaque partisan avait reçu une arme et trois grenades.
Le parachutage du 7 mai (15 cylindres) avait été effectué sur le mamelon de La Côte de la Houssière, entre les garnisons allemandes de Taintrux et de Corcieux.
En attendant le jour J, les armes récupérées par les groupes de la Houssière et de Corcieux furent cachées au PC du maquis et dans des fermes environnantes, dans des abris souterrains aménagés.
Plusieurs bazookas furent confiés au groupe de Gerbépal.
Pour faciliter le débarquement du 6 juin, en fixant par tous moyens les troupes allemandes loin des côtes normandes et en perturbant au maximum l’envoi de matériels
vers les plages du débarquement, les Alliés avaient élaboré des plans pour les opérations de sabotage que devait mettre en œuvre le général KOENIG, commandant en chef des Forces françaises de
l'intérieur ( FFI ) ; et, spécifiquement pour la Région C, par son commandant le colonel Gilbert GRANVAL. Ces actions devaient être déclenchées à réception de messages codés de Radio Londres.
La signification des messages avait été transmise le 20 avril sous enveloppe cachetée à la cire aux chefs de maquis. Mais ils ne doivent pas ouvrir ces lettres avant l'écoute des messages d'alerte
(qui pourront être diffusés les 1er et 2 ou 15 et 16 de chaque mois). Des inspections pourront être effectuées et, si on constate l'ouverture d'une de ces lettres, le fautif devrait être fusillé
sur-le-champ.
On précise également qu’en cas de contre-ordre une phrase de fin d'alerte sera diffusée, par exemple : « Qu'on est bien couché dans le foin ».
La veille du débarquement, le 5 juin 1944, la BBC lance au soir les deux messages « Bruissez feuillages, croissez roseaux » et « Nous porterons l’églantine » qui donnent le signal de déclenchement
des opérations de sabotage et de l’ordre d'attaque.
Le chef du maquis de Corcieux, Marcel VICHARD, se met donc en marche. 150 hommes sont mobilisés.
Mais peu de temps après, constatant le manque d’armes et de munitions des maquis, Londres a annulé l’ordre de déclencher la guérilla partout en France. Mais pour Corcieux, l'action avait déjà
commencé.
Ainsi, le maquis de Corcieux a été le seul à se soulever le jour J, c'est-à-dire dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, le seul dans les Vosges et dans tout l’est de la France.
Pour l'Etat-major, la mission était d'attaquer la garnison allemande de Taintrux et d'y faire le maximun de prisonniers, puis de se retirer dans la montagne vosgienne.
En cas de besoin, les prisonniers serviraient d'otages, mais surtout cette action spectaculaire devrait créer un état d'inquiétude chez les Allemands tel qu'il les obligerait à maintenir des troupes importantes dans la région de peur que d'autres attaques du même type se reproduisent.
Concrétement, le maquis de Corcieux avait pour objectif :
1) l'attaque de la Mairie de Taintrux
2) la capture des gradés, cantonnés au café Gérard –
3) faire prisonniers les allemands qui se trouvaient à l’école des garçons
Pour ce faire, il convenait préalablement, de détruire le poste radar de Sarifaing (aux Arrentès de Corcieux) et de surveiller les routes afin d’intercepter toutes voitures ennemies.
Les actions menées et leurs résultats, ainsi que la sanglante répression allemande qui s'en suivit sont relatés dans les 8 lieux de souvenirs (voir les onglets correspondants)
Par les actions du Maquis de Corcieux, les Allemands ont fixé dans la région plus de 10000 soldats qui auraient dû partir sur le front du débarquement.
Lors de sa venue à Epinal en 1945, Le Général De Gaulle a salué ces faits d’armes et prononcé ces paroles : « vous m’avez bien servi, vous m’avez beaucoup servi »
Mais le bilan est dramatique :
9 tués au combat, 29 fusillés et 43 déportés (dont 18 ne sont pas revenus)
Mais les malheurs de Corcieux ne s'arrêtent pas en juin 44.
Après la bataille de Bruyères, sous un froid glacial, les Allemands en repli chassent la population vers la montagne. Puis, ils anéantissent le village au lance-flamme le . 82 bâtiments sont détruits entièrement, 12 gravement endommagés et une centaine plus légèrement.
Le maquis de Corcieux avait bien agi selon sa devise :
La liberté ou la mort
Son histoire lui a valu le qualificatif honorable de :
Vercors vosgien
Là encore, le bilan humain est très lourd : 37 victimes, 86 prisonniers, plus de 200 déportés.
Au titre de sa résistance à l'occupant et des souffrances endurées par sa population, la commune est décorée le 23 décembre 1949 de la croix de guerre 1939-1945 avec palmes de bronze.