Les combats de Taintrux
Un à un tous les maquisards sont prévenus. Ils rejoignent le lieu de rassemblement, les sacs sont bouclés, quelques vivres, un peu de linge et … beaucoup d’espoir, les armes sont prêtes chacun vient
de percevoir l’armement et les munitions indispensables pour l’attaque devant commencer le 6 juin 1944 avant 4h45, heure prévue de l’explosion du tunnel de la voie ferrée proche de TAINTRUX.
Le chef, Marcel VICHARD fait monter ses hommes dans le camion qui va les conduire à la Carrière de l’Epine, à 1 km du centre de TAINTRUX. Le docteur POIROT suit avec sa voiture pour assurer le
service sanitaire.
C’est le départ en file indienne depuis la carrière vers les objectifs visés, le service sanitaire (Docteur POIRIOT) restera à la carrière ainsi que le camion (Chauffeur THIRIAT) prêts à repartir au
premier signal.
Un incident : pendant le déplacement des colonnes, un coup de feu malencontreux, compromet l’effet de surprise.
Il est environ 4h45, c’est l’attaque.
Nos vaillants FFI vont former trois groupes :
Groupe VICHARD (11 hommes)
Il a pour objectif l’attaque de la mairie où il y a une centaine d’Allemands. Guidée par le déserteur MULLER, ce groupe a pour mission de faire diversion. A 80 m de leur objectif, retentit la formidable explosion du tunnel. Le groupe arrive à la Mairie, la sentinelle allemande est abattue, mais l’alerte est donnée, c’est déjà le grand branle-bas. L’ordre du repli est donné. Tous les hommes du groupe sont de retour à la Carrière, sauf MULLER (un "malgré-nous") qui rejoindra l’école des garçons.
Groupe VAUTROT (11 hommes)
Son objectif : l’école de garçons, isolée en bout de village, avec pour guide Marcel STOUVENEL, enfant du village et jeune instituteur. Le groupe a pénétré à
l’école des garçons puis à l’école des filles où après une courte lutte, il a fait 48 prisonniers Allemands, ainsi que plusieurs morts et blessés qui seront soignés par le service sanitaire.
De ce groupe aucune perte, tous les hommes se sont comportés vaillamment, à signaler :
- la belle attitude du brave FFI VUILMARD qui le couteau entre ses dents a grandement contribué à la reddition des Allemands.
- le cran dont a fait preuve le jeune FFI STOUVENEL dans cette attaque.
C’est l’évacuation des prisonniers et des blessés à la Carrière, où le camion doit en prendre livraison.
Groupe PIERRAT (12 hommes)
Son objectif est de capturer les 14 gradés allemands qui logent au café GERARD. Commandé par Philippe PIERRAT (fils de Charles-Aimé PIERRAT, Maire de TAINTRUX, le
groupe a fait irruption dans le café, mitraillette à la main, et a capturé tous les gradés. Mais soudain, des coups de feu éclatent, les Allemands cantonnés à la mairie n’étant plus inquiétés
contre-attaquent. C’est la bataille ou plutôt une lutte inégale. Les vaillants FFI se battent tant à l’intérieur du café, qu’aux abords, pendant deux heures, tout en tenant en respect les prisonniers
capturés. Philippe PIERRAT blessé à la tête continue la lutte avec ses hommes, il sort pour essayer de se mettre en liaison avec les autres FFI. Il lutte en héros, abat successivement plusieurs
allemands, mais hélas, frappé à mort, il tombe non loin de ses hommes qu’il vient de quitter. A l’intérieur du café et aux abords la lutte est encore très vive, trois autres courageux FFI
Charles GALMARD (de TAINTRUX), Camille MANGIN (de TAINTRUX) et André CHRISTAL (de LA HOUSSIERE) sont également frappés à mort.
Les cinq survivants du groupe : René ANXIONNAT, Gaston MOULIN, André et René PARISOT et Louis VINCENT (Tous de CORCIEUX), dont les munitions sont épuisées, sont désarmés brutalement et emmenés à la
gestapo de SAINT-DIE pour y subir les pires tortures. Martyrs exemplaires, ils sont le lendemain soir, 7 juin, ramenés mourants à TAINTRUX. Les Allemands les achevent sur la place
publique d'une dernière rafale de mitraillette. Leurs corps gisent à côté avec leurs quatre camarades morts au combat la veille.
Avec eux tombait sous les balles allemandes, un habitant de TAINTRUX, Eugène WESTERMANN, grand mutilé de guerre, dont le seul crime était d’avoir laissé pénétrer chez lui un petit groupe de maquisards pour y former une embuscade. C'étaient des résistants du groupe commandé par VAUTROT, (entre autres les FFI STOUVENEL, VUILMARD, LEONARD, SIMON, CAËL et ROUSSEL) qui après l’attaque des écoles avaient tenté de secourir, mais en vain, leurs camarades cernés au café GERARD.
Pour dissuader cette résistance acharnée, les allemands exposèrent sur la place publique les corps de nos héros pendant trois jours. Le maire ayant affirmé qu’aucun de ces hommes n’étaient de TAINTRUX (alors qu’il avait sous les yeux le corps de son propre fils), les allemands donnèrent l’ordre de procéder à l’inhumation, mais hors du cimetière communal, car à leurs yeux, nos braves Français n'étaient que des terroristes. Les tombes furent fleuries par la suite malgré la présence de l’occupant.
Ils reposent tous à présent dans leur tombe de famille respective.
Les FFI Henri BONIZARDI, Yves MOAL, René UNTERNEHR laissés en arrière-garde n’ont pas participé au combat.
Finalement MOAL et UNTERNEHR sont revenus seuls directement à LA COTE, où ils n’arrivèrent qu’après le départ du groupe VICHARD. Pris les armes à la main dans les bois au-dessus de LA COTE, ils furent emmenés en camion jusqu’à SAINT-LEONARD, où ils furent fusillés. (Voir monument à St Léonard).
Le Maquis de CORCIEUX, obéissant aux ordres donnés par Londres, ne s’est pas soulevé en vain contre l’occupant, le but Allié est atteint, créer dans les Hautes-Vosges, un abcès de fixation des troupes occupantes : ce sont plus de 10 000 allemands qui devront demeurer dans nos montagnes, et ne pourront combattre ailleurs.
L’esprit de sacrifice, le courage et le dévouement forcent à l’admiration et à la reconnaissance du pays à tous ces hommes.
Place Philippe PIERRAT :